
Le texte qui suit est un résumé du sermon du pasteur David Jang sur l’intégralité de Romains 7. Puisse cette étude, fondée sur l’examen et la méditation du chapitre 7 de l’Épître aux Romains, contribuer à mieux saisir, dans le parcours spirituel concret des croyants, la question de la « loi et de l’Évangile », du « péché et de la grâce », ainsi que du « conflit intérieur et de la victoire ».
1) La Loi et notre nouvelle relation
Romains 7 commence par une métaphore nuptiale très particulière que l’apôtre Paul utilise pour parler de la Loi. Il évoque d’abord le fait que « la femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu’il est vivant, mais qu’elle est libérée de ce lien lorsque le mari meurt ». En prenant l’exemple du mariage et de la mort, Paul entend expliquer « la domination de la Loi et la nouvelle union avec Christ ». Tant qu’un individu se trouve “sous” la Loi, il reste soumis à son autorité et à ses obligations. Cependant, par la croix du Christ, lorsque le croyant est « déclaré mort avec Christ », la domination exercée par la Loi perd son efficacité et s’instaure alors une nouvelle relation.
Ce qui est frappant, c’est que Paul ne dit pas que « le mari est mort », mais que « moi, je suis mort ». Autrement dit, il ne prétend pas que la Loi a disparu ou qu’elle a été abolie. La Loi n’est pas invalidée ; c’est plutôt le croyant, uni à Jésus-Christ et crucifié avec lui, qui est « mort à la Loi ». De ce point de vue : « Puisque je suis mort, l’ancienne relation n’a plus d’effet ». Voilà un des messages fondamentaux de l’Évangile chrétien. Par la mort de Jésus sur la croix, acte rédempteur et substitutif, le croyant est également déclaré mort en Christ, ce qui le libère de la condamnation portée par la Loi quant au péché.
Beaucoup de chrétiens d’origine juive se demandaient toutefois si Paul n’enseignait pas ainsi que la Loi pouvait être purement et simplement abolie. Ils tenaient à la tradition de la Loi, même dispersés dans l’Empire romain, tout en acceptant le salut par Jésus. Ils se demandaient donc comment concilier la Loi et l’Évangile. Paul répond clairement qu’il n’est pas un « abolisseur de la Loi ». Puisque la Loi est la Parole sainte de Dieu, pas un seul trait ne peut en être retranché. Le Christ lui-même a déclaré : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir ». Paul ne méprise donc pas la Loi. En revanche, il insiste : à cause de l’événement de la croix, le croyant, en tant que personne nouvelle, vit désormais une relation repensée à l’égard de la Loi.
Paul énonce clairement ce principe dans Romains 7.4 : « Vous aussi, mes frères, vous avez été mis à mort quant à la Loi par le corps du Christ, pour appartenir à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu. » Il est essentiel de noter ici la finalité : « afin que nous portions des fruits pour Dieu ». C’est un type de fruit bien plus abondant et surabondant, impossible à produire si l’on reste enfermé sous la Loi. Dans l’évangile de Jean (chapitre 15), Jésus déclare que lui est le cep et nous, les sarments, et qu’il faut demeurer en lui pour porter beaucoup de fruit. De même que le sarment, séparé du cep, ne peut à lui seul produire du raisin, de même une vie seulement « sous la Loi » risque de demeurer stérile. Certes, la Loi rend de bons services pour dévoiler le péché et réguler le comportement, mais elle ne procure pas le « fruit de la vie » ultime, c’est-à-dire le salut par la grâce et la croissance spirituelle par la puissance du Saint-Esprit.
De plus, au verset 6 du même chapitre, Paul déclare : « Nous servons sous le régime nouveau de l’Esprit et non sous l’ancienne lettre de la Loi. » Il nous invite donc à ne pas nous cantonner à l’observation littérale et légaliste des commandements, mais à passer à une vie conduite par l’Esprit. Comme Jésus l’a enseigné dans son discours d’adieu (Jean 13-17), demeurer dans l’amour du Seigneur nous procure la vraie liberté, nous permet de porter plus de fruits et de vivre dans une joie parfaite.
Dans les deux mille ans d’histoire de l’Église, de graves difficultés sont apparues chaque fois qu’on n’équilibrait pas correctement la grâce et la Loi. Le légalisme et l’antinomisme (ou l’abolition de la Loi) sont deux extrêmes qui affaiblissent l’Église. Le légalisme, en insistant trop sur la condamnation et le jugement, étouffe la miséricorde et le pardon mutuels, tarit la vie spirituelle et la rend stérile. L’abolition de la Loi, à l’inverse, peut conduire à banaliser le péché et à tomber dans une insouciance trop laxiste. Même si l’on met fortement l’accent sur l’Évangile de la grâce, nous ne pouvons oublier que Dieu est toujours un Dieu de justice et d’équité, et qu’il y a des commandements à respecter. Si l’on fait disparaître complètement l’un ou l’autre de ces pôles, c’est l’équilibre de la foi qui s’effondre.
Ainsi, Romains 7, par l’image de « l’homme marié au Christ », peut sembler complexe, mais aboutit à une conclusion limpide : autrefois, la Loi nous gouvernait et nous condamnait « comme un mari », mais désormais, unis à Christ, « c’est moi qui suis mort » ; la Loi ne peut donc plus m’enchaîner. Bien sûr, la Loi n’a pas disparu. Elle continue de révéler la justice divine, de nous faire prendre conscience de notre péché. Mais l’essentiel, c’est que nous ne sommes plus sous la malédiction qu’elle nous faisait porter. Jésus, en sa mort substitutive sur la croix, a personnellement pris nos péchés, nous affranchissant du pouvoir du péché et de la mort. Dès lors, nous sommes en mesure, par « la loi nouvelle de l’Esprit », de suivre librement et volontairement le chemin qui plaît à Dieu.
Appliquer cela concrètement dans la vie de foi signifie qu’au lieu de dire : « C’est péché, je ne dois pas le faire » par crainte, nous passons à un autre niveau : « Parce que j’aime le Seigneur, je suis prêt à lui obéir volontiers si telle est sa volonté. » Paul martèle cette idée à maintes reprises dans Romains, Galates et d’autres lettres. En particulier, Galates 2.20 exprime parfaitement ce changement de personne : « J’ai été crucifié avec Christ. Et si je vis, ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi. » C’est l’image de l’« homme ancien sous la Loi » qui meurt, tandis que Christ vit désormais en nous, créant une nouvelle création.
Pour vivre ce message au quotidien, il faut de la prière, une introspection spirituelle et la méditation de la Parole. Lorsqu’il aborde la métaphore nuptiale de Romains 7 dans son enseignement, le pasteur David Jang insiste : « Celui qui est mort à la Loi est désormais l’épouse du Christ, produisant un fruit d’une toute autre nature, un fruit spirituel. » Sous la Loi, on ne faisait que retenir le péché par la prohibition, alors que, dans l’Esprit, on goûte une joie et un fruit nouveaux, au-delà du péché. Cette perspective procure un réel réconfort à beaucoup de croyants. Car, dans le cadre d’une foi cantonnée à la Loi, on se heurte constamment à sa propre nature pécheresse, et l’on se dit : « Pourquoi suis-je aussi nul ? », sombrant facilement dans l’auto-accusation. Mais celui qui connaît son union avec Christ et la direction intérieure du Saint-Esprit ne se laisse pas submerger par le découragement. Touché par l’amour divin, il accomplit peu à peu la volonté bienveillante de Dieu : voilà le « fruit pour Dieu » dont parle Paul.
En somme, le premier sous-thème met en lumière la réorganisation de notre relation à la Loi. Par la mort (avec Christ), nous ne sommes plus captifs de la Loi, et notre union avec Christ nous permet de porter un fruit abondant dans « la liberté de la foi ». La Loi n’est certes pas abolie, mais nous passons désormais sous la domination plus élevée de la grâce, qui rend possible la véritable obéissance. Voilà l’idée clé.
2) La fonction de la Loi et la limite humaine
Dans la partie centrale de Romains 7, Paul pose la question : « La Loi est-elle donc mauvaise ? » Il affirme que la Loi a pour fonction de révéler le péché en tant que péché. En d’autres termes, sans la Loi, on ne prendrait pas conscience de ce qui est mal. À titre d’exemple, si le commandement « Tu ne convoiteras pas » n’existait pas, on ne saurait pas que nourrir la convoitise est une faute. Sous cet angle, la Loi est précieuse. Elle agit comme un miroir : elle nous révèle la saleté sur notre visage. Sans ce miroir, il nous serait impossible de savoir à quoi nous ressemblons vraiment.
Le problème, c’est la « ruse du péché ». Quand la Loi nous dit « Ne fais pas ceci, c’est péché », l’être humain, poussé par la curiosité et l’attrait de l’interdit, est tenté de transgresser précisément ce qui est défendu. Comme l’enfant auquel on interdit de toucher un jouet et qui ne résiste pas au désir de le saisir. C’est ainsi que le péché se sert du commandement comme d’un tremplin pour nous faire chuter. Dans Romains 7.8, Paul confesse : « Le péché, saisissant l’occasion offerte par le commandement, a produit en moi toutes sortes de convoitises. » La Loi est bonne et sainte, mais le péché l’instrumentalise pour renverser l’être humain et dévoiler ainsi la misère de notre condition.
On le voit déjà en Genèse 3. Dieu avait décrété : « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. » Le serpent (Satan) s’en sert pour suggérer à Ève : « Dieu t’a-t-il vraiment dit cela ? Peut-être veut-il vous priver du statut divin que vous auriez en mangeant de ce fruit ? » Ce commandement, qui avait pour but de protéger l’homme et la femme, devient ainsi prétexte pour le péché d’induire Adam et Ève en tentation. Domptés par le doute et le désir, ils finissent par consommer le fruit défendu. En expliquant ces mécanismes, Paul souligne la complexité et l’ingéniosité du mal : la Loi « révèle » le péché, mais l’être humain, déjà contaminé par le péché, risque fort de se laisser emporter par lui.
Néanmoins, Paul ne conclut pas que « la Loi elle-même est un péché ». Au contraire, il affirme dans Romains 7.12 : « La Loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon. » Le message théologique est clair : le commandement de Dieu est sain, mais l’humanité déchue est incapable de l’observer parfaitement. C’est précisément cette impossibilité qui nous pousse à désirer la grâce. La Loi, en fixant une norme sainte et élevée, met en évidence notre incapacité à la satisfaire et nous contraint à confesser : « Je ne peux rien par moi-même ; je n’ai d’autre espoir que la grâce de Dieu. » Comme Paul le dit aussi dans l’Épître aux Galates, « la Loi a été notre précepteur pour nous conduire à Christ ».
Dans cette argumentation, Paul souligne un point capital : « Sans la Loi, je n’aurais pas connu le péché. » Cela veut dire que la Loi, malgré son utilité à indiquer et à refréner le mal, ne peut pas éradiquer ce mal à la racine ; c’est là sa limite. Sur ce point, le pasteur David Jang souligne également dans ses sermons sur Romains : « La nature pécheresse de l’homme ne peut être éradiquée par la seule instruction de la Loi. Au contraire, plus on parle de la Loi, plus l’homme cherche à la contourner ou à exprimer ses désirs d’une autre manière. » Autrement dit, la Loi montre combien le péché est grave, mais seul l’Évangile, c’est-à-dire l’œuvre de la croix du Christ, peut le résoudre en profondeur. En nous montrant l’horreur de notre faute, la Loi nous rend conscients que « je suis sans issue, qu’il n’y a que la grâce de Christ ».
Mais, alors, à quoi sert la Loi ? Selon Paul, elle est indispensable comme première étape pour faire prendre conscience de la culpabilité. Quelqu’un qui se croit juste finit par se confronter à la Loi et, ce n’est qu’en voyant l’inatteignable exigence de la sainteté divine, qu’il se rend compte de sa condition de pécheur. Sans être passé par cette confrontation, personne ne peut sincèrement dire : « Je suis pécheur. » Ainsi, la Loi agit comme un projecteur dans la nuit, révélant ce qui était dans l’ombre. Grâce à cette lumière, les croyants se reconnaissent pécheurs, pleurent et se repentent devant Dieu. Mais cela ne s’arrête pas là : même si la Loi éclaire et restreint le péché, elle ne détient pas le pouvoir de l’anéantir. À ce stade, il faut faire le saut vers le Christ. Lui seul, par son sacrifice expiatoire et la puissance de l’Esprit, nous offre la rémission des fautes et la victoire réelle sur le mal.
Le « tourment » que décrit Paul consiste à comprendre la sainteté de la Loi, tout en ressentant son impuissance à la vivre. Confronté à ce standard à la fois splendide et inaccessible, il réalise son extrême insuffisance. Ce n’est pas seulement le problème de Paul, mais celui de chaque croyant sincère : « Je sais que la volonté de Dieu est juste, mais pourquoi suis-je encore si misérable ? » On touche là la détresse de l’homme face à la Loi, détresse qui peut conduire à un désespoir fatal si l’on ne se tourne pas vers la grâce.
Pourtant, Paul ne s’arrête pas au désespoir. À la fin de Romains 7, il propose la solution en une louange : « Misérable que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? Grâce soit rendue à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! » La Loi nous a certes accablés, nous faisant prendre conscience de notre condamnation, mais, en plein désespoir, si nous levons les yeux vers la rédemption de la croix, nous retrouvons l’espérance. Telle est la clé de ce deuxième sous-thème, « la fonction de la Loi et la limite humaine ». Peu importe que la Loi soit parfaite : l’humanité déchue est incapable de la remplir, et ce constat se conclut par le cri : « Je suis un être misérable. » Pourtant, ce même cri débouche sur la lumière du salut en Christ. La Loi agit comme un « portier » nous conduisant au Christ, tout en exposant notre incapacité et en soulignant combien la grâce du Christ est indispensable.
3) Le conflit intérieur du croyant et la victoire de la grâce
Dans la dernière partie de Romains 7, on trouve la célèbre confession de Paul : « Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. » Quiconque s’est déjà engagé sérieusement dans la vie de foi peut se reconnaître dans ce cri. Même lorsqu’on a la foi en Jésus-Christ et qu’on est déclaré juste, il demeure en nous un reste de nature pécheresse et de faiblesse charnelle, nous entraînant parfois à chuter et à pécher. On ressent alors la souffrance : « Je désire faire le bien, mais je fais exactement le contraire… »
Certes, on pourrait se demander s’il y a à nouveau condamnation pour le croyant qui commet un péché. Mais Paul va plus loin, il décrit une réalité existentielle profonde : d’un côté, il se réjouit dans son être intérieur de la Loi de Dieu (c’est le « moi régénéré »), de l’autre, il constate la présence d’une autre loi qui se trouve dans ses membres, c’est-à-dire l’inclination au péché qui subsiste. Voilà pourquoi deux lois s’opposent en lui, déclenchant un combat spirituel quotidien, d’où surgit ce cri : « Misérable que je suis ! »
Néanmoins, il ne faut pas croire que Paul est emprisonné dans un sentiment de défaite. Il fut l’un des apôtres les plus ardents, se donnant tout entier à la prédication de l’Évangile. Pourtant, il se considérait comme « faible, pécheur, dépassé par le mal en moi ». C’est l’un des paradoxes sublimes de la spiritualité chrétienne : « Celui qui se sait faible est en mesure de s’appuyer pleinement sur la grâce, alors que celui qui se croit fort ne sent pas son besoin de grâce. » Comme Paul le répète souvent : la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse.
Malgré tout, Paul réaffirme avec force, notamment dans Romains 6 et 8, que « le péché ne régnera plus sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce ». Si le croyant peut trébucher en raison des convoitises et des mauvaises habitudes qui subsistent, le péché n’est plus son « maître ». Pourquoi ? Parce que, par le sang du Christ, nous avons été « rachetés » et nous sommes devenus enfants de Dieu ; parce que l’Esprit Saint habite en nous et nous donne l’élan d’appeler Dieu « Abba, Père ». Certes, la chair subsiste et nourrit le conflit, mais la domination du péché a été brisée.
Au verset 24 du chapitre 7, Paul crie : « Misérable que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » La réponse fuse au verset 25, point culminant : « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! » Le vainqueur ultime de ce combat, c’est Jésus-Christ, et la grâce qu’il offre est le fondement de notre espérance. Même au sein des luttes et des faiblesses, Paul célèbre la victoire en Christ. C’est la preuve d’une confiance inébranlable dans le « libérateur qui nous tire de la mort », et le témoignage que le salut est basé non pas sur notre propre force ou justice, mais entièrement sur la grâce.
À ce sujet, le pasteur David Jang souligne souvent dans ses prédications et ses entretiens spirituels qu’après s’être tourné vers le Christ et avoir reçu la rémission des péchés, on n’est pas soudain débarrassé de tous ses travers et péchés. Parfois même, on devient plus sensible à son péché, et cela peut devenir douloureux. Mais ce sentiment fait partie d’une démarche de « croissance spirituelle » dans la grâce, nous poussant à une repentance plus profonde et à un désir de sainteté. En invoquant l’aide de l’Esprit Saint et en nous nourrissant de la Parole et de la prière, nous commençons à faire l’expérience d’une victoire concrète sur le péché. Nous n’atteindrons pas une « impeccabilité » parfaite ici-bas, mais nous pouvons vivre avec l’assurance que le péché ne triomphera pas, grâce à la puissance de l’Esprit Saint.
Au chapitre 8, Paul proclame : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » Pour bien comprendre cette affirmation célèbre, il faut avoir saisi au préalable le conflit, la division intérieure et la déroute décrits au chapitre 7, ainsi que la solution par la personne de Christ. Paul tient ensemble ces deux vérités paradoxales : « Je suis le premier des pécheurs, mais Christ m’a libéré, si bien qu’il n’y a plus de condamnation pour moi. » Voilà la quintessence de l’Évangile de la grâce qui parcourt toutes les épîtres pauliniennes.
Comment gérer concrètement cette « lutte » décrite en Romains 7 ? Premièrement, reconnaître honnêtement notre culpabilité. Deuxièmement, nourrir un profond désir de s’en affranchir. Troisièmement, comprendre que la seule voie de salut est Jésus-Christ et la coopération avec le Saint-Esprit. Quand nous crions vers Dieu : « Je suis un homme misérable », le Seigneur nous répond : « Ma grâce te suffit. » Celui qui s’appuie sur cette grâce ne reste pas emprisonné dans la culpabilité que la Loi fait peser, ni sous la menace de la mort. Il persévère dans son combat contre le péché, mais, quand il tombe, il se relève en se confiant dans la rédemption de Jésus, et il finit par rendre grâce et louer Dieu. Voilà précisément l’attitude que Paul adopte à la fin du chapitre 7.
Romains 7 est un texte qui dépeint la réalité de l’« ordo salutis » (ordre du salut) au moment où la justification et la sanctification s’entrecroisent. Pour le croyant qui se demande : « Je suis déjà sauvé, alors pourquoi suis-je encore tenaillé par le péché ? », Paul apporte une réponse frontale. Notre salut est acquis, mais durant notre vie terrestre, le combat spirituel se poursuit. Par conséquent, le chrétien doit, chaque jour, se replacer au pied de la croix, se laisser conduire par l’Esprit et rester en formation continuelle. Dans ce processus, la Loi ne nous prend plus au piège mais, au contraire, éclaire les péchés subsistants et dresse la carte de la justice de Dieu. Le moment où nous mesurons notre impuissance nous renvoie vers la croix, où la grâce du Christ resplendit davantage encore.
Enfin, Paul, conscient qu’à Rome cohabitaient des chrétiens d’origine juive et des païens, voulait dissiper tout malentendu sur la Loi. Si la Loi avait été donnée au peuple d’Israël, celui-ci ne pouvait la respecter parfaitement. Ainsi, la Loi a mis en évidence le péché et amené la mort. Mais ce n’est pas parce que la Loi est mauvaise ou n’a plus de valeur. C’est parce que le péché, en s’emparant de la Loi, a séduit l’homme. Lorsque l’Évangile de la grâce se déploie, il ne s’agit pas d’anéantir la Loi, mais de l’accomplir dans une dimension plus élevée. Autrement dit, « oui, je suis un être malheureux, mais je rends grâce à Dieu : il m’a libéré par Jésus-Christ ». Tel est le dénouement.
Toute personne ayant un long parcours de foi sait que, si le commencement de la vie chrétienne est souvent marqué par la joie et l’enthousiasme, on découvre tôt ou tard que des zones d’ombre subsistent en soi, liées à la nature pécheresse, et elles rejaillissent. Alors on se dit : « Je ne suis pas digne… » et l’on vacille. Pourtant, Paul exprime en ce moment de détresse la reconnaissance envers Dieu. Ce qui peut paraître paradoxal est en réalité le cœur même de l’Évangile. Plus le péché nous accable, plus la croix rayonne, et c’est la foi qui nous ouvre la route. Ainsi, le « conflit intérieur et la lutte » de Romains 7 ne sont pas une souffrance vaine, mais un canal conduisant à la victoire de la grâce. C’est là toute la profondeur du message de ce chapitre.
En résumé, selon le troisième sous-thème, « le conflit intérieur du croyant et la victoire de la grâce », même le croyant justifié fait l’expérience d’un combat intérieur entre la Loi et le péché, mais il découvre au bout du compte l’intervention salvatrice de Jésus-Christ. Ainsi, le chrétien peut confesser : « Je suis un être misérable, mais je rends grâces à Dieu, qui me libère de ce corps de mort par Jésus-Christ ! » C’est en cela que réside l’écho profond de Romains 7, pivot qui nous oriente vers la proclamation de la liberté et de la victoire au chapitre 8. Aujourd’hui encore, ce texte soutient les croyants plongés dans le combat contre le péché, en leur rappelant qu’ils sont « sous la grâce » et qu’il y a, dès lors, un vrai réconfort et un véritable encouragement.
Conclusion
Pour résumer, en ne retenant que trois grands axes à partir du texte :
- Premièrement, « La Loi et notre nouvelle relation » : Paul utilise l’image du mariage et de la mort pour expliquer que la Loi ne nous enchaîne plus. L’union avec Christ inaugure une liberté spirituelle dans laquelle nous pouvons porter des fruits en abondance pour Dieu. La Loi n’est pas abolie, mais, à présent, nous sommes sous le règne supérieur de la grâce, qui rend possible l’obéissance sincère et pleine.
- Deuxièmement, « La fonction de la Loi et la limite humaine » : Bien que la Loi soit sainte et bonne, la ruse du péché et la faiblesse de l’homme peuvent conduire à la mort. La Loi révèle notre faute et nous amène à la conclusion que, sans la grâce du Christ, point de salut. C’est l’« enseignant » qui nous montre combien nous sommes impuissants et qui nous pousse à chercher la grâce de Dieu.
- Troisièmement, « Le conflit intérieur du croyant et la victoire de la grâce » : Même après avoir reçu le salut, nous portons encore en nous les traces de la chair et de l’habitude pécheresse. D’où le combat intérieur entre « la loi de Dieu » et « la loi du péché ». Pourtant, l’apôtre Paul proclame que Jésus-Christ nous arrache à la mort et nous rend « plus que vainqueurs » par sa grâce.
Ainsi, Romains 7 enseigne que, même après avoir été déclarés justes, nous devons affronter une lutte quotidienne. Car notre « vrai moi » est en cours de restauration à l’image de Dieu, et nous ne cessons de résister à notre ancienne nature. Mais, du point de vue de la grâce, ce combat n’est pas vain et finit par porter du fruit. La Loi n’est pas détruite, elle ne nous maintient plus sous condamnation et sert plutôt à exposer nos péchés et à refléter la justice divine. Et, lorsque nous prenons conscience de nos limites, nous pouvons chanter : « Grâce soit rendue à Dieu, par Jésus-Christ, qui me délivre ! » Tel est le fil directeur de Romains 7, sur lequel le pasteur David Jang insiste dans ses prédications. En fin de compte, notre lutte contre le péché ne se solde pas par le désespoir, mais elle débouche sur la reconnaissance envers la grâce de Christ. Par l’Esprit, nous pouvons expérimenter une croissance concrète et la liberté intérieure. Pour ceux qui cheminent dans la foi, Romains 7 rappelle la « lutte nécessaire au cours de la sanctification », et affirme que cette lutte aboutit finalement à la victoire de la grâce.